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131: Les neuromythes

October 27, 2014      Lettres      Philippe Gouillou      no responses

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Une nouvelle étude montre que même les enseignants, dans différents pays, sont victimes de mythes sur le fonctionnement du cerveau. Alors que la psychologie et les neurosciences sont de plus en plus utilisées en marketing, communication, et management, il est essentiel de se tenir à jour et de se former.

Aussi : comment prédire l’avenir (il suffit de savoir choisir le bon expert…) et des chiffres sur la rapidité de notre corps et du cerveau.

1. Les neuromythes

Paul A. Howard-Jones (2014) vient de publier dans Nature Reviews Neuroscience une étude comparant la prévalence des mythes sur le fonctionnement du cerveau auprès des enseignants de différents pays.

Les “neuromythes” (terme qu’il attribue à Alan Crockard au début des années 1980) sont les fausses croyances que l’on a sur le fonctionnement du cerveau qui sont mises en avant par le développement des neurosciences.

Certaines découvertes en neurosciences ont en effet connu un grand succès médiatique, et du fait notamment des différences de vocabulaire et des avancées des recherches, la population a tendance à prendre pour confirmées des approches qui ont été rejetées.

L’étude se concentre sur le monde de l’éducation, c’est-à-dire auprès des personnes dont le rôle est justement d’intervenir sur le cerveau des enfants.

Les résultats

Howard-Jones, 2014, Table 1 (doi:10.1038/nrn3817)
Howard-Jones, 2014, Table 1 (doi:10.1038/nrn3817)

Traduction :

Pourcentage d’enseignants ayant choisi “D’accord” plutôt que “Pas d’accord” ou “Ne sais pas” au Royaume Uni, aux Pays Bas, en Turquie, en Grèce et en chine pour les affirmations suivantes :

  • Nous utilisons seulement 10% de notre cerveau

  • Les individus apprennent mieux quand ils reçoivent l’information dans leur style préféré d’apprentissage (par exemple, visuel, auditif , kinesthésique)

  • De courts épisodes d’exercices de coordination peuvent améliorer l’intégration des fonctions des hémisphères droit et gauche du cerveau

  • Des différences de dominance hémisphérique (cerveau droit ou cerveau gauche) peuvent aider à expliquer des différences individuelles entre les apprenants

  • Les enfants sont moins attentifs après prise de boisson sucrée ou de collations

  • Boire moins de 6 à 8 verres d’eau par jour peut provoquer le rétrécissement du cerveau

  • Les problèmes d’apprentissage associés avec les différences de développement des fonctions du cerveau ne peuvent pas être résolus par l’éducation

Les limites

Paul A. Howard-Jones remarque que tous les mythes ne sont pas 100% faux et cite comme exemples :

  • Ne pas boire assez ne rétrécira pas votre cerveau, mais la déshydratation a bien un impact négatif sur la cognition ;

  • Le canal utilisé (visuel, auditif ou kinesthésique) n’a pas d’influence sur l’apprentissage[1], mais il peut y avoir des préférences personnelles, et utiliser le maximum de canaux apparaît positif.

Il remarque également que “le risque d’un examen minutieux est le plus faible pour les idées non testables[2] et le montre avec la théorie des intelligences multiples généralement présentée comme soutenue par les neurosciences. Après avoir signalé qu’il est très “improbable” (“unlikely”) que cette théorie puisse être utilisée pour décrire la complexité générale du cerveau, il ajoute :

“Cependant, la partie neuromythologique de la théorie des intelligences multiples (c’est-à-dire, sa relation avec les neurosciences) est difficile à tester, notamment parce que la tâche des théoriciens des intelligences multiples de définir les types et nombres d’intelligences est toujours un travail en cours.”
Howard-Jones, 2014[3]

Remarques

Que beaucoup de choses que nous croyons solides se révèlent être des mythes à rejeter est plus que normal : c’est l’un des buts de la science que de nous permettre de rejetter des fausses croyances, et il est impossible sans s’y spécialiser de suivre les avancées des recherches. En d’autres termes : énormément de choses que nous croyons mais qui sont en dehors de notre domaine de spécialisation sont fausses…

Le problème est cependant encore plus important en psychologie, à la fois parce qu’elle touche directement à notre vie profonde, et parce que la propagande politique a tout fait pour empêcher la diffusion de ses résultats.

Bien sûr, au bout d’un certain temps, la vérité finit par être reconnue, mais ce temps peut se compter en décennies :

  • Slate vient juste de publier un article reconnaissant que “Inné vs acquis: non, la pratique ne fait pas tout”, c’est-à-dire reconnaissant que les scientifiques avaient raison face à la presse toutes ces dernières décennies…[4]

  • Combien croient encore que l’Intelligence Emotionnelle (le célèbre “QE” : voir Lettre 130.2), lancé en 1995 (sans doute pour limiter l’impact du best seller de Herrnstein & Murray paru en 1994), remplace le QI ?

  • Combien croient encore que la “pensée positive” (voir Lettre 13.3) aide à agir efficacement et à réussir ?

Application pratique

La seule solution est de s’informer. Il ne s’agit pas d’un simple intérêt intellectuel, mais d’une double nécessité :

  • Pour ne pas avoir à souffir des conséquences de fausses informations

  • Pour pouvoir bénéficier soi-même des nouvelles découvertes

La manière dont on se voit, dont on s’explique et dont on explique le comportement des autres, est ce qui a le plus d’impact sur notre vie et celles de nos proches. En marketing, communication, et management, ces nouvelles découvertes sont et seront de plus en plus utilisées. Il ne faut pas rester à côté.

Et pour cela il ne faut pas se fier aux sources généralistes usuelles : elles ne sont pas assez spécialisées pour avoir le temps de suivre.

C’est pourquoi Neuromonaco vous propose des formations et conférences et des prestations vous permettant de comprendre et d’utiliser les extraordinaires découvertes de la psychologie appliquée et des neurosciences.

CONTACTEZ-NOUS !

Notes

  1. Rappel (Actualité Neuromonaco Premium du 14 août 2014) : “Le codage des émotions est indépendant du sens perceptif utilisé”

  2. Traduction depuis :

    “The threat of scrutiny is lowest for ideas that are untestable.”
    Howard-Jones, 2014

  3. Traduction depuis :

    “However, the neuromythological part of Multiple Intelligences theory (that is, its relation to neuroscience) is difficult to test, not least because the task for Multiple Intelligences theorists of defining the types and number of intelligences remains a work in progress.”
    Howard-Jones, 2014

  4. Voir notamment :

Liens

Références

Herrnstein, R., & Murray, C. A. (1994). The Bell Curve: Intelligence and Class Structure in American Life (p. 896). New York: The Free Press.

Howard-Jones, P. a. (2014). Neuroscience and education: myths and messages. Nature Reviews. Neuroscience, (October). doi:10.1038/nrn3817


2. Des experts pour prédire l’avenir…

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Citation de cette page :

(2014) : "Lettre Neuromonaco 131: Les neuromythes". ( Neuromonaco. Retrieved from https://neuromonaco.com/lettres/lettre131.htm on 20 Dec 2014. 1357 words.

[Lettre Neuromonaco 131: Les neuromythes](https://neuromonaco.com/lettres/lettre131.htm). Philippe Gouillou. _Neuromonaco_. 27 Oct 2014



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