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106: Femmes et Management : les Queen Bees

March 10, 2014      Lettres      Philippe Gouillou      no responses

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Il n’y a pas que la compétition sexuelle directe qui explique pourquoi les femmes ont intérêt à avoir des supérieurs hiérarchiques masculins.

Premium : les primings sexuels réduisent l’aversion au risque des femmes, mais de façon surprenante, et comment décider quand notre décision dépend de celle des autres ?

Cette Lettre est complémentaire à la Lettre Neuromonaco 29 : “Femmes, Management et Gender Marketing”.

Philippe Gouillou


1. Les Queen Bees

Définition

Les “Queen Bees” (stricto sensu : reines mères chez les abeilles), ce sont les femmes en position de pouvoir qui cherchent à bloquer la réussite de leurs subordonnéEs. Le phénomène est suffisamment étendu pour que les femmes aient intérêt à avoir des supérieurs hiérarchiques masculins si elles veulent réussir leurs carrières.

Le sujet avait été étudié par Garcia-Retamero & López-Zafra en 2006, et en 2010 Derks et al. avaient expliqué que c’était la faute des (vous l’avez deviné)… hommes (voir synthèse sur Evopsy) :

“Les ‘Queen Bees’ sont des femmes mûres dans des organisations de culture masculine qui ont atteint leurs objectifs de carrière en se dissociant elles-mêmes de leur genre tout en contribuant simultanément au stéréotypage de genre des autres femmes.”

Derks et al. (2010)

Il suffirait donc que ces femmes leaders se sentent plus féminines pour qu’elles ne soient plus en compétition avec leurs subordonnées…

Nouvelle démonstration

Le phénomène vient cependant d’être de nouveau démontré par Benenson et al. (2014) dans un environnement moins masculin : le milieu académique.

Les auteurs se sont intéressés aux différences sexuelles de coopération en fonction des différences hiérarchiques et ont trouvé :

  1. Les femmes coopèrent bien avec les autres femmes de même niveau hiérarchique et avec les hommes de tous niveaux

  2. Les femmes coopèrent mal avec les femmes de niveau hiérarchique supérieur

  3. Les hommes n’ont pas cette limitation

Pour ce faire ils ont calculé sur une période de 4 ans (2008–2012) la probabilité d'être co-auteur de publications scientifiques dans 50 universités nord-américaines :

“Parmi ceux de statut égal (professeurs), il n’y avait pas de différence sexuelle de probabilité d’être co-auteur : les femmes et les hommes avaient autant de chances d’être co-auteurs d’une publication d’un autre professeur du même sexe. Par contraste, les professeurs hommes avaient plus tendance que les professeurs femmes à co-signer des publications avec des assistants du même sexe.”

Explication

Contrairement à l’explication par le machisme de Derks et al. (Evopsy) il est probable que ces différences de coopération s’expliquent par les différences de contraintes sur les sexes au cours de l’évolution.

Une partie de la réponse est donnée par Geary et al. (2003) : on peut voir les relations à l’intérieur d’un sexe comme dépendantes d’un trade-off (compromis) entre les coûts et les bénéfices. Le graphique suivant montre l’opposition entre le nombre de relations et l’investissement dans chacune :

Geary et al. (2003) remarquent que les femmes se situent plus souvent en bas à gauche (peu de relations très impliquantes) tandis que les hommes sont plus capables d’être en haut à droite (larges groupes coopératifs.)

Le phénomène Queen Bees ne s’expliquerait alors pas uniquement par la compétition sexuelle entre les femmes de niveau hiérarchique différents, mais aussi par une tendance sélectionnée à privilégier des relations autres et à être moins ouverte à des modes de coopération peu impliquants.

Liens

Références

Benenson, J. F., Markovits, H., & Wrangham, R. (2014). Rank influences human sex differences in dyadic cooperation. Current Biology, 24(5), R190–R191. doi:10.1016/j.cub.2013.12.047

Derks, B., Ellemers, N., Laar, C. van, & Groot, K. de. (2010). Do sexist organizational cultures create the Queen Bee? The British journal of social psychology / the British Psychological Society. doi:10.1348/014466610X525280.

Garcia-Retamero, R., & López-Zafra, E. (2006). Prejudice against Women in Male-congenial Environments: Perceptions of Gender Role Congruity in Leadership. Sex Roles, 55(1–2), 51–61. doi: 10.1007/s11199–006–9068–1.

Geary, D. C., Byrd-Craven, J., Hoard, M. K., Vigil, J., & Numtee, C. (2003). Evolution and development of boys’ social behavior. Developmental Review, 23(4), 444–470. doi:10.1016/j.dr.2003.08.001

Geary, D. C. (2003). Hommes, femmes : L’évolution des différences sexuelles humaines. (P. Gouillou, Trans.) (1ère ed., p. 481). Bruxelles: De Boeck Université.

Images

  • Kelly3 by earl53. Licence : Morguefile free photo.
  • Screenshot de Geary et al. (2003)

2. Management : Femmes, sexe, et prise de risque

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(2014) : "Lettre Neuromonaco 106: Femmes et Management : les Queen Bees". ( Neuromonaco. Retrieved from https://neuromonaco.com/lettres/lettre106.htm on 20 Dec 2014. 959 words.

[Lettre Neuromonaco 106: Femmes et Management : les Queen Bees](https://neuromonaco.com/lettres/lettre106.htm). Philippe Gouillou. _Neuromonaco_. 10 Mar 2014



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