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52: Comment avoir plus de chance ?

December 17, 2012      Lettres      Philippe Gouillou      no responses

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La chance fait du bien, elle fait rêver et elle fait vendre. Mais saviez-vous qu’on peut augmenter ses chances d’avoir de la chance ?

1. Hasard : Dieu joue-t-il aux dés ?

Piloufacie

Pourquoi suis-je né, au début du siècle, un certain jour du mois de juin ? Cette question commande toutes les autres. Si mon père et ma mère avaient hâté ou différé quelque peu leurs embrassements, je serais venu au monde sous une autre étoile. Arrivant en avance ou en retard aux divers rendez-vous qui m’étaient donnés par le destin, j’aurais connu une existence différente, j’aurais été innocent des fautes que l’on peut m’imputer aujourd’hui. A ceux qui s’avisent de juger mes actes, je réponds que le principal reproche que l’on soit en droit de m’adresser, c’est d’avoir fait montre, à ma naissance, d’une ponctualité dont je ne suis pas responsable.
René Clair, 1976 p 106

Le 12-12-12 (12 décembre 2012) vient de passer et la presse annonce que deux fois plus de joueurs ont parié sur les jeux de hasard, persuadés que cette répétition allait leur porter “chance”, à eux et pas aux autres. Aussi absurde qu’elle paraisse cette croyance aura réussi à certains[1]. Ce même jour, d’autres auront vécu d’impressionnantes successions de coups du sort, et on connaît même des personnes qui semblent remettre en cause à elles-seules toutes les lois de la physique et de la probabilité.

La chance existe-t-elle ?

Le mot “chance” a deux sens en français, il désigne à la fois un événement et l’interprétation qu’on lui donne :

  1. Une chance est un événement aléatoire, c’est-à-dire dont l’occurence suit une loi de probabilité : le rouge a une “chance” sur deux de sortir à la roulette.

  2. La (mal)chance est l’interprétation que l’on donne à la rencontre de 2 ou plusieurs événements fortuits (ie : n’ayant pas de lien causal) : vous avez joué le rouge ET le rouge est sorti (ou : la tuile est tombé au moment où vous passiez).

Cette interprétation est strictement personnelle (la chance de l’un peut êre la malchance d’autres) et est très ponctuelle (elle évoluera en fonction des conséquences de cette rencontre) :

Un vieux paysan chinois très pauvre trouve un superbe cheval. Tout le monde envie sa chance, mais lui répond qu’il ne sait pas : Chance ? Malchance ?
Son fils essaie de débourrer le cheval et s’y casse une jambe. Tout le monde plaint la malchance du vieux paysan qui n’a plus personne pour l’aider, mais là encore il répond qu’il ne sait pas : Chance ? Malchance ?
Le seigneur local vient réquisitionner tous les hommes valides, les envoie à la guerre où ils se font tous tuer. Le fils avec sa jambe cassé n’a pas pu partir et est donc le seul à avoir survécu. Chance ? Malchance ?
Etc.
(Origine inconnue : il existe de nombreuses versions de cette histoire)

Mais cette interprétation n’est pas complètement indéterminée : sera considéré comme une chance ce qui va dans le sens de nos objectifs, c’est-à-dire ce qui augmente notre contrôle des ressources (malchance pour l’opposé).

On peut donc considérer que la chance existe, dans une certaine mesure.

Pensée magique

Nous avons tous tendance à surestimer l’impact de la malchance sur nos vies et à sous-estimer l’impact de la chance : dans les cas positifs nous croirons à l’influence de nos talents et capacités… en oubliant que ceux-ci proviennent en grande partie du hasard de notre conception (citation de René Clair ci-dessus : sur ce point il a raison[2]).

Beaucoup vont cependant beaucoup plus loin et vont croire que la chance peut être influencée (une prière modifiera de manière appropriée la rotation de la roulette), et/ou qu’elle est significative (toute rencontre aurait un but, “le hasard n’existe pas”, etc.) voire un sens moral (“il y une justice”, etc.). Les religions notamment voient souvent derrière le hasard des interventions d’entités divines, au point qu’elles peuvent obliger parfois à s’en remettre au hasard.

Comme indiqué dans la Lettre 13, le développement actuel de cette pensée magique s’explique partiellement par la complexité de tout ce qui nous entoure[3] :

en même temps que nous avons plus de contrôle sur l’environnement au sens large, nous le perdons de plus en plus sur notre environnement le plus immédiat (les machines et outils qui sont nos intermédiaires).
Il en résulte, logiquement mais paradoxalement, une impression croissante de perte de contrôle qui augmente l’anxiété.

Neuromonaco 13 : “Confiance en soi, Estime de soi et Succès”

Chance et évolution

“[…] un joueur qui commence avec un jeton et une martingale – un système pour battre la chance – qui fonctionne vraiment. S’il peut choisir la bonne couleur (rouge ou noir) 55% des fois et qu’il parie un jeton à la foix, il finira généralement ruiné – mais il y a 18% de chances qu’il casse la banque à Monte Carlo.[4]
Cochran & Harpending, 2009 p 42

Le hasard a bien sûr un impact déterminant sur l’évolution : le succès (ie: la diffusion) d’une mutation dépendra d’énormément de critères contingents (non liés).

On sait cependant que l’évolution n’est pas totalement hasardeuse, que certains gènes ont plus de “chances” de se propager parce qu’ils apportent un avantage, et que, sur le grand nombre, certains de ces gènes finiront par s’imposer.

La raison en est que la transmission génétique permet à la fois la sélection et l’accumulation des mutations favorables.

Ce dernier point (l’accumulation) ressemble à un système à cliquet, qui empêche tout retour en arrière (on parle de Rochet de Muller (Muller’s ratchet)).

La Piloufacie

La piloufacie est une philosophie formalisée par le professeur Fouhalié dans son ouvrage ‘La science de la piloufacie’, comme cela fut rapporté dans ‘Donald Duck à pile ou face’, publié dans ‘Picsou Magazine’ No 377.[5]
Liberpedia : Piloufacie

Pour avoir de la chance, la première chose à faire est de prendre les bonnes décisions : provoquer les bonnes “rencontres” et “être là où il le faut au moment où il le faut“.

Le héros de René Clair (1976, citation en haut) avait décidé dans ce but de “faire de sa vie un jeu de hasard” (voir Monaco Business News, p 16) et de s’en remettre à la sagesse d’alignements de lettres dans les colonnes des journaux. Pour lui tout se passe pour le mieux : il a énormément de “chance” et fait un sans faute… jusqu’à ce qu’il prenne une décision réfléchie que le hasard lui fait payer par une condamnation à mort pour un crime qu’il n’a pas commis.

Il n’est pas le seul personnage de fiction à avoir eû cette idée : Donald Duck s’était bien converti à la “Piloufacie“, la “science de décider à pile ou face“. Mais dans la vraie vie (IRL : In Real Life), qu’est-ce que ça donnerait ?

La Théorie des Jeux a permis de répondre à cette question : le hasard est l’une des plus mauvaises stratégies possibles dans un Dilemme du Prisonnier Itéré (explications Lettre 15: “Générer la confiance par la Théorie des Jeux“). En d’autres termes : les “chances” de survie d’une telle stratégie seraient beaucoup trop faible.

En fait, comme le remarque Nassim Nicholas Taleb (2008)[6], même les probabilités ne peuvent pas fonder des décisions.

Asymétrie (convexité) et Antifragilité : la chance est-elle aléatoire ?

Plus généralement le hasard ne peut rapporter sur le long terme que s’il y a asymétrie significative : que le gain soit en moyenne suffisamment supérieur à la perte[7].

Nassim Nicholas Taleb (2012) remarque que si l’on reporte cette asymétrie sur un graphique, on obtient une courbe convexe :

Taleb, 2012, Fig. 1: Convexity

Quand il y a cette asymétrie (Taleb (2012) parle donc de “Biais de Convexité“) et en plus un processus permettant l’accumulation des résultats positifs (sélection naturelle ou choix rationnel) alors la chance n’est plus aléatoire : il y a plus de “chances” d’arriver à un résultat positif que l’inverse, et la probabilité augmente avec le nombre de tentatives.

Nassim Nicholas Taleb (2012) parle d’Antifragilité :

Antifragile est le nom que l’auteur a donné (par manque d’un meilleur) à la large classe de phénomènes comportant un biais de convexité, parce qu’ils gagnent d’un “cluster de désordre”, précisément la volatilité, l’incertitude, les pertubations, le hasard et les stresseurs. Antifragile est l’exact opposé de fragile qui peut être défini comme détestant le désordre. Une tasse à café est fragile parce qu’elle veut la tranquilité et un environnement à faible volatilité, l’antifragile veut l’opposé : une forte volatilité augmente son bien-être.”
Taleb (2012)

Au niveau du grand nombre, la chance n’est donc pas totalement aléatoire. Mais au niveau individuel ?

Elle ne l’est pas non plus, mais ce n’est pas lié au coût des essais. Il apparaît que des phénomènes de rétroaction positive (voir Lettre 22) entrent en jeu et augmentent la chance de ceux qui en ont (et la malchance des autres) :

  • L’ensemble du comportement non verbal (et peut-être même les émissions phéromonales) trahiront le malchanceux… et feront fuir les autres, interdisant toute chance.

  • Les difficultés de vie impactent négativement le processus de décision en réduisant notamment le self-contrôle

Comment augmenter vos chances d’avoir de la chance ?

La conséquence des points précédents est qu’on peut rationnellement augmenter ses chances, en jouant sur les deux points :

  1. Se concentrer sur les opportunités où les coûts des pertes sont très inférieures aux gains possibles et où les gains sont accumulables

  2. Avoir un comportement qui fait croire à sa chance : “Fake it until you make it” (“Feignez-le jusqu’à ce que vous le fassiez“). De nombreuses études ont montré que simuler (le bonheur, le succès, la dominance, etc.) aide à atteindre ce qui est feint[8].

A partir de là, il suffit de multiplier les opportunités de rencontres, qu’elles soient physiques (clubs, sorties, etc.), ou indirectes (publications, etc.)…

Notes

  1. Le Loto est une taxe sur ceux qui ne comprennent pas les probabilités, mais d’un autre côté seuls ceux qui jouent peuvent gagner.

  2. Il faut prendre en compte non seulement l’origine partiellement génétique de beaucoup de nos capacités (notamment les capacités cognitives) mais aussi la chance de la bonne adaptation de notre programme génétique à l’environnement du moment (système immunitaire notamment).

    Ali Binazir avait calculé en 20011 qu’on n’avait qu’une chance sur 102 685 000 (un suivi de deux millions six-cent quatre-vingt cinq mille zéros) d’exister, un nombre à comparer aux 1080 (un suivi de quatre-vingt zéros) atomes existants dans l’univers (à ce niveau les erreurs de calcul n’ont plus d’importance). Une infographie en a été extraite (cliquez sur l’image pour la version complète) :

  3. La pensée magique n’est pas toujours négative : les couples qui se souviennent de leur première rencontre comme plus “magique” sont réputés durer plus que les autres (c’était le point de départ du film “Quand Harry rencontre Sally“)…

  4. Cette citation est extraite du passage où Cochran & Harpending expliquent qu’il n’a pas fallu beaucoup de rencontres entre les Sapiens et les Neandertals pour que les gènes de ces derniers puissent se propager (on considère maintenant que 4% des gènes des personnes d’origine européenne sont néandertaliens).

  5. Les Monégasques remarqueront que le numéro (377) est une preuve indubitable de la magie de la méthode !

  6. Nassim Nicholas Taleb est l’auteur du best-seller “The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable (traduction française : “Le cygne noir : La puissance de l’imprévisible“)

  7. Jeu à somme non nulle, exemple : que Pile rapporte deux points quand Face n’en fait perdre qu’un.

  8. Par exemple Carney et al. (2010) ont trouvé que le simple fait d’améliorer brièvement sa posture a un impact sur le système endocrinien. Attention cependant : si en règle générale cette méthode permet d’enclencher un cycle vertueux, Scott & Barnes (2011) ont trouvé que simuler la bonne humeur peut prolonger les chutes de moral.

Liens

Image : “Donald Duck à pile ou face”. Picsou Magazine n° 377. (via Liberpédia)


2. Le futur du marketing : les humeurs plutôt que les émotions ?

Twitter Fail

Sur Agency Post, Ana Iorga fait la synthèse d’une conférence d’Erik du Plessis, auteur connu, professeur invité à Copenhague, et Chairman d’un cabinet de marketing en Afrique du Sud.

Transdisciplinarité

Erik du Plessis insiste tout d’abord sur l’importance croissante de s’entourer de non-spécialistes, de personnes s’intéressant à plusieurs disciplines pour avoir une vision plus large (comme exemple il rappelle que Google a un philosophe dans son équipe).

Ana Iorga résume :

“La transdisciplinarité est la nouvelle règle du jeu dans toutes les approches marketing, et le neuromarketing n’est qu’une autre perspective qui demande l’expertise d’autres types de spécialistes – médecins, psychologues, neuroscientists, médiateurs culturels, etc. Cependant, pour Erik, les spécialistes marketing doivent avoir un background en marketing, même s’ils ont besoin d’être mis à jour sur les dernières tendances des champs associés.”

Des émotions vers les humeurs

Plus important, Erik du Plessis propose de passer des émotions aux humeurs :

“Pendant sa présentation à Posthoornkerk, Erik a insisté sur l’importance de l’humeur et de la personnalité sur le comportement du consommateur. Elles ne peuvent pas être mesurées avec les outils classiques du neuromarketing mais, en les combinant avec les connaissances de la psychologie, elles peuvent offrir une perspective plus complexe et plus détaillée sur le cerveau de l’acheteur.”

Il note ensuite que le terme “feeling” a sa part d’ambiguité. Ana Iorga cite :

“Je pense que la plupart des personnes qui y ont vraiment réfléchi sont d’accord avec ce que j’ai dit hier : que l’émotion est un feeling, l’humeur est un feeling et l’homéostasie est un feeling”, dit Erik. “Donc j’essaie de faire basculer l’attention d’un type de feeling vers d’autres pour obtenir une meilleure définition. Tout le monde parle tout le temps d’émotions, mais quand vous les interrogez sur le sens qu’ils y donnent, ils commencent à utiliser des mots qui ne correspondent vraiment pas aux émotions mais aux humeurs ou aux feelings.”

Il en déduit que le passage des émotions aux humeurs sera facile et “n’est vraiment pas un grand pas pour l’humanité”. A noter que selon sa définition, une émotion arrive rapidement, alors que l’humeur dure un certain temps.

Remarques personnelles

L’importance de la transdisciplinarité aura un impact sur le long terme en France. Elle y sera cependant freinée par le culte du diplôme (en partie lié à sa nécessité légale, voir Lettre 14.2 : le diplôme est un proxy).

L’idée du basculement des émotions vers les humeurs s’intègre bien dans l’approche actuelle des émotions (qui sont à leur premier niveau des compressions d’informations permettant d’accélérer les décisions). Il reste cependant que les émotions apparaissent offrir une voie d’accès plus facile : ce sont plus les émotions qui crée l’humeur que l’inverse (même si celle-ci aura un impact en retour, en filtrant les émotions notamment). Nous y reviendrons dans une prochaine lettre.

Lien :The Future of Neuromarketing — Studying Moods, Not Emotions” By: Ana Iorga. AgencyPost. December 11, 2012


3. Neuromarketing : vers la Cingularité ?

Gage et al. 2008 : Cortex

Nous avons déjà abordé à plusieurs reprises la “Singularité” : du fait de la Loi de Moore (version simplifiée : la puissance d’un ordinateur double tous les 18 mois), nous saurons créer prochainement (avant 2025) des ordinateurs plus intelligents que les humains qui seront capables de créer des ordinateurs encore plus intelligents qui… La Singularité est le point de départ de cette croissance exponantielle : dans moins de 15 ans.

Gage & al. (2008) se sont eux intéressés à une autre croissance exponentielle : celle du nombre d’articles d’imagerie neuronale citant la zone du cerveau appelée “Cortex Cingulaire” (Wikipedia FR) dans leur abstract.

Ils remarquent :

“Au début du 21° siècle, le cortex cingulaire a été trouvé impliqué dans la solitude (Eisenberger et al., 2004), les expériences religieuses (Beauregard & Paquette, 2006), les orientations politiques (Amodio et al., 2007), les associations stimulus-récompense (Takenouchi et al., 1999; Cardinal et al., 2003), la plannification de mouvement (Shima and Tanji, 1998), la détection d’erreurs (Devinsky et al., 1995), la perception de la douleur (Harris et al., 2007), l’exclusion sociale (Eisenberger et al., 2004), l’espérance de récompense (Shidara and Richmond, 2002), le sommeil (Rolls et al., 2003), l’effet placebo (Wager et al., 2004), l’optimisme (Sharot et al., 2007), l’orientation à gauche (Amodio et al., 2007) et dans des travaux de notre groupe sur les modèles neuroprothétiques (Marzullo et al., 2006a).”
Gage et al., 2008

Ils se sont donc plongés dans Pubmed, ont recherché les articles dont l’abstract citait le Cingulaire, et en ont construit une courbe particulièrement édifiante :


(Gage et al., 2008)

Il suffit en effet de prolonger la courbe1 pour pouvoir prédire l’avenir : en 20 ans (2007-2027) le nombre de publications citant le Cingulaire va être multiplié par 15 (contre seulement 1,53 pour les deux autres types) et vers la fin du siècle, 99% des études citeront le cortex cingulaire. Ils notent :

“Nous prédisons qu’entre 2050 et 2100 il y aura plus de publications sur le cortex cingulaire que celui-ci ne contient de cellules. A ce point, nous craignons que la “Cingularité” sera atteinte et que le Cortex Cingulaire deviendra conscient de lui-même.”

Ils en déduisent la “Théorie Cingulaire de l’Unification” qui “postule qu’une région du cerveau – le “Cortex Cingulaire” est l’alpha et l’omega, responsable de toutes les fonctions humaines.

Remarques personnelles

Au delà du gag (les “prédictions” par prolongation de courbe à partir de peu d’historique1 sont quasiment toujours fausses), il apparaît normal que l’on retrouve le Cingulaire dans de très nombreuses études : selon ses zones il est impliqué dans les affects, la sélection des réponses, le traitement visuo-spatial et l’accès aux souvenirs, toutes choses suffisamment générales pour être souvent appelées par les traitements neuronaux…

Application pratique

Cet article à la fois humoristique et très sérieux est un rappel supplémentaire que les découvertes en neurosciences ne peuvent pas être interprétées sans être intégrées dans un modèle plus complet, prenant en référence de nombreuses autres disciplines.

Note

  1. Selon le célèbre modèle de la “Crosse de Hockey” de la climatologie


4. La psychologie de la fin du monde

Schadock

Dans la première moitié des années 1950s, Marian Keech (vrai nom : Dorothy Martin) avait créé la secte Seekers, qui annonçait la destruction du monde par une innondation cataclysmique le 21 décembre par les habitants de la planète Clarion.

Elle avait réussi à convaincre un certain nombre d’adeptes, qui devaient être sauvés par des soucoupes volantes la veille au soir. Bien sûr la date est passée, les soucoupes ne sont pas venues, et la déception a été grande. Alors elle a reçu un “message” (par écriture automatique) lui annonçant que le groupe “avait diffusé tant de lumière que Dieu avait sauvé le monde de la destruction“.

Seuls deux membres ont quitté le groupe et, selon Festinger et al. (1956), la foi et le prosélytisme de ceux qui sont restés ont augmenté.

La particularité de cette secte tout à fait banale est qu’elle avait été infiltrée par le groupe de Leon Festinger et qu’ils en ont créé un nouveau concept qui lui est resté : la Dissonance Cognitive, définie comme : “l’individu est à la recherche d’un équilibre cognitif qui, lorsqu’il est rompu, génère un état de tension, lequel motive à son tour l’individu à tendre vers un univers cohérent“.

Plusieurs études ont remis en cause la conclusion de Festinger : de nombreuses sectes ont prédit la fin du monde et leur échec n’a rien changé, les croyants ont juste attendu une date suivante.

Mais le concept de Dissonance Cognitive est resté, il est à l’origine d’énormément de recherches, et est même enseigné en marketing dans le cadre des Cours sur le Comportement du Consommateur : il s’agit en effet d’un biais à fort pouvoir de motivation.


5. Video : Chance, Malchance par Jugnot

Chance, Malchance...

La superbe publicité “Lucky – Unlucky” réalisée par Gérard Jugnot il y a 25 ans.

La malchance fait rire, elle est donc particulièrement appréciée des publicistes. La marque Lucky Strike a su exploiter son nom, mais elle n’est pas la seule, Culture Pub en avait réalisé un florilège (Youtube, 8’37”) : “11-11-11 once in a millenium: massive fail or lucky strike“.

Youtube : Lucky Strike matches – Obstacle Course (1987, France) (0’51”)


6. Articles cités

Carney, D. R., Cuddy, A. J. C., & Yap, A. J. (2010). Power Posing: Brief Nonverbal Displays Affect Neuroendocrine Levels and Risk Tolerance. Psychological science : a journal of the American Psychological Society / APS, 21(10), 1363–8. doi:10.1177/0956797610383437

Clair, R. (1976). Mémoires d’un innocent. Jeux du hasard (pp. 106–158). Paris: Gallimard (nrf). (1ère Ed. : Clair, R. (1951). La Princesse de Chine. Paris: Grasset)

Cochran, G., & Harpending, H. (2009). The 10,000 Year Explosion: How Civilization Accelerated Human Explosion (Paperback., p. 288). New York, New York: Basic Books.

Festinger, L., Riecken, H., & Schnachter, S. (1956). When Prophecy Fails: A Social and Psychological Study of a Modern Group that Predicted the Destruction of the World. University of Minnesota Press. doi:10.1037/10030-007

Gage, G. J., Parikh, H., & Marzullo, T. C. (2008). The Cingulate Cortex Does Everything. Annals of Improbable Research, 14(3), 55.

Geary, D. C. (2003). Hommes, femmes : L’évolution des différences sexuelles humaines. (P. Gouillou, Trans.) (1ère ed., p. 481). Bruxelles: De Boeck Université.

Gouillou, P. (2010). Pourquoi les femmes des riches sont belles : programmation génétique et compétition sexuelle (2° ed., p. 238). Louvain: De Boeck.

Scott, B., & Barnes, C. (2011). A multilevel field investigation of emotional labor, affect, work withdrawal, and gender. Academy of Management Journal, 54(1), 116–136.

Taleb, N. N. (2008). Real life is not a casino. Edge, (11-06).

Taleb, N. N. (2012). Undestanding is a poor substitute for convexity (antifragility). Edge, (12-12-12).


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Citation de cette page :

(2012) : "Lettre Neuromonaco 52: Comment avoir plus de chance ?". ( Neuromonaco. Retrieved from https://neuromonaco.com/lettres/lettre52.htm on 20 Dec 2014. 3853 words.

[Lettre Neuromonaco 52: Comment avoir plus de chance ?](https://neuromonaco.com/lettres/lettre52.htm). Philippe Gouillou. _Neuromonaco_. 17 Dec 2012



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