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86: Les effets de la musique

October 14, 2013      Lettres      Philippe Gouillou      2 responses

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La musique offre une communication universelle très puissante : elle synchronise les cerveaux, modifie l’humeur, et donc les comportements, et est plus qu’appréciée en séduction. On commence à comprendre pourquoi : des études neuromarketing permettent même de prévoir quelle musique va plaire et quelle musique va être achetée.

1. Musique

Fitness

Musique et séduction

Elle croyait qu’j’étais chanteur
Incognito voyageur
Tournées sonos filles en pleurs
Admiration

Alain Souchon (Bidon, 1976)

L’efficacité du bluff d’Alain Souchon (ci-dessus) a été confirmée cette année par Gueguen et al. (2013). Auprès de plus de 300 femmes, ils ont trouvé qu’un jeune homme peut multiplier ses chances d’obtenir un numéro de téléphone en portant un étui de guitare : 31% de succès, contre seulement 14% sans sac… et 9% avec un sac de sport.

Le lien musique-séduction n’est pas neuf : Darwin considérait déjà la musique comme une forme de parade amoureuse.

En 2011, Hobbs & Gallup ont remarqué que le contenu des textes des chansons à succès était rempli de références à la reproduction :

“Environ 92% des 174 chansons qui sont entrées dans le Top Ten en 2009 contenaient un ou plusieurs messages reproductifs, avec en moyenne 10,49 phrases liées à la reproduction par chanson.”
Hobbs & Gallup (2011)

Bien sûr, les messages changeaient en fonction du type de chanson :

“la Country privilégie les questions liées à l’engagement, la fidélité, la rupture amoureuse ou encore des relations avec les enfants. La Pop s’intéresse plutôt à la séduction ou aux rencontres d’un soir, mais traite aussi des questions liées à la fidélité, comme la Country. Quant au R&B, ce style musical s’attache surtout à l’acte sexuel, la séduction, et l’argent en tant que moyen d’attirer le sexe opposé.”
Le Journal de la Science

La musique synchronise les cerveaux

La force de la musique est qu’elle permet une communication directe entre cerveaux : chacun percevra les mêmes choses, en même temps[1].

C’est ce qu’ont trouvé Abrams et al. (2013) sur 17 jeunes (19-27 ans) droitiers : l’écoute d’une nouvelle musique provoquait la même activation neuronale, synchronisée.

Un point important est que cette activation et sa synchronisation étaient moins fortes quand la musique avait été transformée en stimuli sonores par suppression du rythme ou modification de la tonalité. Cela signifie qu’il existe une sorte de musique “naturelle” que le cerveau saura reconnaître.

Les effets de la musique

Voilà pourquoi la musique est si dangereuse, agit parfois si effroyablement. En Chine, la musique est soumise au contrôle de l’État, et c’est ainsi que cela doit être. En effet, peut-on admettre que le premier venu hypnotise une ou plusieurs personnes et en fasse après ce qu’il veut ? Et surtout que l’hypnotiseur soit n’importe quel individu immoral.
C’est un pouvoir effroyable dans les mains d’un individu quelconque.

Leon Tolstoï[2]

Ce pouvoir de la musique n’est bien sûr pas resté inexploité. La célèbre “musique d’ascenceur” est diffusée dans les commerces pour calmer les clients et les inciter à prolonger leur présence dans le magasin, jusqu’à ce que l’heure de fermeture approche où elle est remplacée par une musique plus entraînante.

Ses effets vont cependant beaucoup plus loin :

  • Les adolescents utilisent la musique pour modifier leur humeur, avec succès : McFerran et al. (2011) ont étudié les types de musique écoutées par les adolescents, en fonction d’un côté de leur humeur, et de l’autre de leur niveau de susceptibilité à la dépression et à l’anxiété (de faible risque à risque élevé). Ils ont trouvé que les personnes à risque élevé écoutent systématiquement plus de Heavy Metal en boucle et cela quelle que soit leur humeur, alors que chez les autres le choix d’un type musical était influencé par l’humeur.

  • Jolij & Meurs (2011) ont montré que la musique peut influencer la perception visuelle. Pour ce faire, ils ont demandé de distinguer entre des visages heureux ou malheureux, après que leur humeur ait été influencée par une musique triste ou joyeuse. Ils ont trouvé que les testés réussissaient mieux à détecter les visages correspondant à l’humeur induite par la musique.

  • DailyMail rapporte qu’une étude du Dr Emma Gray pour Spotify a trouvé que le type de musique écoutée a un impact sur les capacités d’étude. Le Point résume : les chansons pop (50 à 80 bpm) “provoqueraient un état d’excitation favorisant la créativité“, les musiques plus calmes “aideraient à l’élaboration de raisonnements logiques“, etc.

  • En revanche, le célèbre “Effet Mozart” n’a pas été confirmé : faire écouter Wolfang Amadeus à son bébé n’augmentera pas son QI à l’âge adulte (Rauscher et al., 1993 ; Chabris, 1999).

  • Van der Zwaag et al. (2012) ont trouvé que la musique a un impact sur l’humeur qui a un impact sur le mode de conduite[3]. Les auteurs n’ont pas trouvé d’impact négatif de la musique lors de conduite en environnement demandeur.

Pour aller plus loin

  • Berns et al. (2010) ont trouvé dans une étude d’imagerie neuronale que c’est l’anxiété qui explique la tendance à plus apprécier une musique aimée par les pairs.

  • Palmer et al. (2013) ont trouvé une tendance générale à associer les musiques le plus tristes aux couleurs plus foncées, et les plus légères aux couleurs les plus claires.

  • Lettre Neuromonaco 50.3 : “Audition : Musique et non-verbal et émotions

  • Pour une explication très claire des liens entre la gamme musicale (do ré mi…) et les mathématiques des fréquences, voir : Quand la musique est bonne, 3^12 = 2^19 [rediffusion]. Science étonnante. 26 août 2013

Compléments

Notes

  1. Pour l’importance de cette communication directe, voir la Lettre Neuromonaco 25 : “Réalités, ToM et Neurones Miroirs

  2. La sonate à Kreutzer (1889) Chap. XXIII, p. 119 [PDF]. Trouvé via : La musique selon Tolstoï. Par Leticia Mahammed. Carnets2. 25 mars 2012

  3. Sur la conduite, voir Lettre Neuromonaco 80 : “Comment sortir de la compétition sexuelle

Liens

Images

  • Haut : Couverture originale de The Dark Side of the Moon, Pink Floyd (1973)
  • Musiciens : auteur inconnu

2. Neuromarketing : Quand achète-t-on de la musique ? (Premium)

L’influence de l’humeur et de la personnalité sur les choix musicaux ne signifie pas que la beauté de la musique serait entièrement circonstancielle : les études d’imagerie neuronale ont permis de découvrir ce qui fait la beauté d’une musique, et ce qui va inciter à l’acheter.

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3. Effet McGurk : vue vs. audition (Premium)

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4. Actualités (Premium)

Cette section premium signale quelques découvertes récentes (qui feront peut-être l’objet de futures lettres) et autres liens intéressants.

Cette semaine: les riches deviennent plus riches : c’est vrai aussi en sciences, neuromarketing : le prix idéal déterminé par EEG, et un priming modifie le goût du whisky.

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5. Articles cités

Abrams, D. A., Ryali, S., Chen, T., Chordia, P., Khouzam, A., Levitin, D. J., & Menon, V. (2013). Inter-subject synchronization of brain responses during natural music listening. The European journal of neuroscience, 37(9), 1458–69. doi:10.1111/ejn.12173

Berns, G. S., Capra, C. M., Moore, S., & Noussair, C. (2010). Neural mechanisms of the influence of popularity on adolescent ratings of music. NeuroImage, 49(3), 2687–96. doi:10.1016/j.neuroimage.2009.10.070

Bowling, D. L., Sundararajan, J., Han, S., & Purves, D. (2012). Expression of Emotion in Eastern and Western Music Mirrors Vocalization. (O. Sporns, Ed.) PLoS ONE, 7(3), e31942. doi:10.1371/journal.pone.0031942

Chabris, C. F. (1999). Prelude or requiem for the “Mozart effect”? Nature, 400(6747), 826–7; author reply 827–8. doi:10.1038/23608

Gueguen, N., Meineri, S., & Fischer-Lokou, J. (2013). Men’s music ability and attractiveness to women in a real-life courtship context. Psychology of Music. doi:10.1177/0305735613482025

Hobbs, D. R., & Gallup, G. G. (2011). Songs as a Medium for Embedded Reproductive Message. Evolutionary Psychology, 9(3), 390–416.

Jolij, J., & Meurs, M. (2011). Music Alters Visual Perception. (J. Najbauer, Ed.) PLoS ONE, 6(4), e18861. doi:10.1371/journal.pone.0018861

Palmer, S. E., Schloss, K. B., Xu, Z., & Prado-León, L. R. (2013). Music-color associations are mediated by emotion. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. doi:10.1073/pnas.1212562110

Rauscher, F. H., Shaw, G. L., & Ky, K. N. (1993). Music and spatial task performance. Nature, 365(6447), 611. doi:10.1038/365611a0

Tsay, C.-J. (2013). Sight over sound in the judgment of music performance. Proceedings of the National Academy of Sciences. doi:10.1073/pnas.1221454110

Van der Zwaag, M. D., Dijksterhuis, C., de Waard, D., Mulder, B. L. J. M., Westerink, J. H. D. M., & Brookhuis, K. A. (2012). The influence of music on mood and performance while driving. Ergonomics, 55(1), 12–22. doi:10.1080/00140139.2011.638403


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Citation de cette page :

(2013) : "Lettre Neuromonaco 86: Les effets de la musique". ( Neuromonaco. Retrieved from https://neuromonaco.com/lettres/lettre86.htm on 20 Dec 2014. 1755 words.

[Lettre Neuromonaco 86: Les effets de la musique](https://neuromonaco.com/lettres/lettre86.htm). Philippe Gouillou. _Neuromonaco_. 14 Oct 2013



2 Responses to “86: Les effets de la musique”

  1. Anna says:

    Très intéressant votre article, Léon Tolstoï avait tout à fait raison!

  2. […] 86: Les effets de la musique […]

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